Depuis près de 15 ans, Corneille compose et interprète en suivant son instinct. À la veille de sa prochaine tournée, il nous parle de sa musique, de ses engagements, du Rwanda. Rencontre avec un homme sensible qui rêve de paix.
Comment êtes-vous arrivé à la musique ?
C’est la musique qui est venue à moi ! Je n’avais pas l’idée d’en faire mon métier un jour. C’est mon père qui m’a transmis cette passion : jazz, folk, classique, on écoutait de tout. J’ai formé un premier groupe avec des potes du lycée, au Rwanda. Et je me suis mis à écrire des chansons originales. En 1997, je faisais partie d’un autre groupe à Montréal. Le directeur de la maison de disques Wagram a fini par remarquer un de nos titres et a voulu me rencontrer. À ce moment-là, je commençais à travailler en solo sur des sujets plus personnels et intimes. Ce que je préparais lui a plu : c’est ainsi que l’histoire a commencé.
Quelles ont été vos sources d’inspiration pour votre sixième album : Entre Nord et Sud ?
Une chanson commence d’abord par un besoin de créer, sans trop réfléchir. J’écris beaucoup avec ma femme, avec mon coeur aussi. Dans cet album, il y a une part d’histoire personnelle, une part d’observations. Il mêle des sons d’Afrique, des Caraïbes, de l’Occident. Il est aussi le pont entre mes origines et là où je vis. D’où ce titre, qui a été trouvé après le travail sur l’album. Mais le vrai fil conducteur est de « faire la paix », avec les autres et avec soi-même. De garder l’espoir, de croire en l’être humain. En ce sens, les concerts sont très importants pour moi car c’est l’occasion de donner vie à chaque album, mais aussi de partager ma passion et mes émotions avec le public. De faire de belles rencontres. Avant de se remettre à écrire !
En plus d’être musicien, vous n’hésitez pas à vous engager, en particulier pour le droit des enfants. Pouvez-vous nous en parler ?
Le droit des enfants guide inconsciemment mes engagements. J’ai d’abord travaillé avec la Croix Rouge, qui souhaitait sensibiliser les jeunes Canadiens à la question des enfants soldats, notamment en Afrique. J’ai vécu le génocide du Rwanda où beaucoup d’enfants étaient concernés : j’ai donc tout de suite eu envie de m’investir. Je voulais savoir à quel point des jeunes pouvaient s’intéresser à des vies si éloignées des leurs et j’ai été surpris dans le bon sens. Ceux que j’ai rencontrés étaient très choqués et avaient beaucoup de questions.
Le droit des enfants guide inconsciemment mes engagements. J’ai d’abord travaillé avec la Croix Rouge, qui souhaitait sensibiliser les jeunes Canadiens à la question des enfants soldats, notamment en Afrique. J’ai vécu le génocide du Rwanda où beaucoup d’enfants étaient concernés : j’ai donc tout de suite eu envie de m’investir. Je voulais savoir à quel point des jeunes pouvaient s’intéresser à des vies si éloignées des leurs et j’ai été surpris dans le bon sens. Ceux que j’ai rencontrés étaient très choqués et avaient beaucoup de questions.
Vous vous êtes aussi associé à la lutte contre le Sida.
L’UNICEF m’a proposé d’être ambassadeur de la lutte contre le Sida. Je suis allé au Malawi avec ma femme : nous avons rencontré des enfants malades et des familles qui luttaient ; nous nous sommes rendus compte du travail réalisé par les bénévoles et l’association. Cela m’a permis ensuite de mieux faire passer les messages sur la prévention et l’accès aux soins ; sur l’importance d’une bonne alimentation pour combattre la maladie. Ce qui m’intéresserait, si j’en ai la possibilité, c’est de mener une action près de chez moi car cela me permettrait de voir les résultats. Comme cet ami qui aide des jeunes en difficulté grâce aux sports de combat : le changement se voit vite. ça aide à y croire !
Vous avez survécu au génocide du Rwanda. Quel lien avez-vous aujourd’hui avec votre pays ?
En 1994, comme des milliers de Rwandais, j’ai été témoin du génocide et j’ai perdu toute ma famille, mes parents, mes frères et soeur. J’ai réussi à fuir l’Afrique pour aller en Allemagne chez des amis de mes parents. J’avais 17 ans. On ne doit pas oublier l’Histoire, nous avons payé trop cher pour cela. Mais il faut aussi se tourner vers l’avenir : grâce à son courage, à sa dignité, à sa créativité aussi, le peuple rwandais rebondit, se reconstruit. Et c’est rassurant. Aujourd’hui, je me réconcilie peu à peu avec ce pays qui fait partie de moi. Même si les mois de génocide ont été terriblement durs et longs à surmonter, j’ai aussi vécu des années heureuses là-bas : je ressens le besoin d’y retourner. Et de partager cela avec ma femme et mon fils qui sont tout pour moi : ma famille est ma raison d’être.
En 1994, comme des milliers de Rwandais, j’ai été témoin du génocide et j’ai perdu toute ma famille, mes parents, mes frères et soeur. J’ai réussi à fuir l’Afrique pour aller en Allemagne chez des amis de mes parents. J’avais 17 ans. On ne doit pas oublier l’Histoire, nous avons payé trop cher pour cela. Mais il faut aussi se tourner vers l’avenir : grâce à son courage, à sa dignité, à sa créativité aussi, le peuple rwandais rebondit, se reconstruit. Et c’est rassurant. Aujourd’hui, je me réconcilie peu à peu avec ce pays qui fait partie de moi. Même si les mois de génocide ont été terriblement durs et longs à surmonter, j’ai aussi vécu des années heureuses là-bas : je ressens le besoin d’y retourner. Et de partager cela avec ma femme et mon fils qui sont tout pour moi : ma famille est ma raison d’être.
Source : Et la santé, on dit quoi ? n° 15 mars 2014